Décès de Danielle Mitterrand, femme engagée pour les droits de l'Homme

Danielle Mitterrand. (Photo AFP)
(Photo AFP)

Danielle Mitterrand est décédée dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 87 ans. La veuve de l'ancien président François Mitterrand a inlassablement multiplié les actions humanitaires à la tête de la fondation "France-Libertés", qu'elle présidait depuis sa création en 1986. Elle appelait à voter "non" au Traité constitutionnel en 2005.

Engagée à l'âge de 17 ans dans la Résistance, Danielle Gouze rencontre en 1944 François Mitterrand qui sous le nom de code "François Morland" anime en Bourgogne un réseau de résistance. En octobre 1944, après la Libération, Danielle Gouze épouse François Mitterrand à Paris. Ils auront trois enfants : Pascal décédé quelques mois après sa naissance, Jean-Christophe et Gilbert. Danielle Mitterrand partagera ensuite sa vie entre la Nièvre où François Mitterrand est élu député en 1946, et Paris où il entame une carrière ministérielle.

Le 10 mai 1981, après deux échecs en 1965 et en 1974, François Mitterrand est élu président de la République. Danielle Mitterrand devient ainsi "première dame de France". Contrairement aux épouses des précédents présidents de la République, Danielle Mitterrand prend position, notamment en politique internationale.

Ses prises de position tiers-mondistes, qui parfois mettront François Mitterrand dans l'embarras, la conduiront à créer en 1986 la fondation France-Libertés, une organisation humanitaire non gouvernementale. Elle n'hésitera pas non plus à intervenir en politique intérieure, critiquant le Premier ministre de cohabitation Jacques Chirac ou bien encore plus tard, lors du second septennat de son époux, la politique d'immigration menée par Charles Pasqua alors ministre de l'Intérieur.

Après la mort de son époux en janvier 1995, Danielle Mitterrand continuera de militer au sein de sa fondation France-Libertés mais aussi en prônant le "non" au référendum sur le projet de texte constitutionnel européen en 2005.

En 2007, elle soutiendra la socialiste Ségolène Royal durant la campagne présidentielle.

Danielle Mitterrand dans l'Humanité :

En 2010, elle s'était engagée pour la libération de Mumia Abu-Jamal

"Cela fait des années que nous suivons Mumia, que nous le soutenons, que nous sommes persuadés, grâce aux contre-instructions menées par ses avocats, qu’il est innocent. Et quand bien même on ne serait pas convaincu, tellement de doutes et d’incertitudes subsistent dans le dossier qu’il est impensable que cet homme soit exécuté. Chacun connaît notre combat contre la peine de mort, cette barbarie. Mais comment, aujourd’hui, les autorités américaines et tous les démocrates peuvent-ils accepter l’idée qu’un détenu puisse être mis à mort après vingt-neuf années de prison ?"
En 2010, à la fête de l'Humanité lors d'une table ronde sur l’avenir écologique de la planète

"La responsabilité citoyenne doit inspirer et conduire nos dirigeants. L’eau relève de la responsabilité de chacun. Mais pour agir, il faut être informé. Tout notre travail vise à informer les citoyens pour qu’ils fassent pression sur leurs dirigeants pour qu’ils mettent en œuvre une autre politique afin qu’on ne puisse plus dire que des êtres humains meurent faute d’accès à l’eau potable. 34 000 personnes en meurent chaque jour, dont 5 000 enfants."
En 2009, dans une tribune : Redonnons toute leur place aux Nations unies !

"La participation ou non de France Libertés au Forum et aux contre-forums d'Istanbul a fait l'objet de longues concertations et échanges avec nos partenaires, acteurs de l'eau, différentes ONG, faisant débat jusqu'en interne. Mais, d'expérience, j'étais intimement convaincue qu'il était vain de rebondir sur cet événement qui revêt les habits d'un forum ouvert à des fins philanthropes alors qu'au fond il s'agit bien d'une réunion factice que notre présence ne ferait que cautionner, même involontairement. C'est ainsi que le 10 mars dernier, nous avons annoncé publiquement notre refus de participer à ce Davos de l'eau."

En 2005, elle applait à voter"non" au traité constitutionnel

"Ce traité constitutionnel institutionnalise une autre dictature que nous ne voulons pas : le système qui fait de l'homme un sujet économique (...) qui génère la plus grande des misères, le chômage, la pollution de l'eau, de l'air."
En 2005, dans un entretien, à l'occasion du lancement d'une campagne pour la reconnaissance d'un droit d'accès à l'eau pour tous.

"Nous nous battons pour une eau libre, potable et gratuite - en tout cas pour la quantité nécessaire afin de vivre dignement. Libre parce qu'elle ne l'est plus, dès l'instant où on la capte pour la mettre en bouteille, ou qu'on signe des conventions pour la puiser dans des nappes phréatiques profondes. Potable, parce qu'aujourd'hui nous passons notre temps à la polluer. Les fleuves le sont à 80 %, les nappes à 60 %, et bientôt n'auront de l'eau potable que ceux qui peuvent la payer, et cher. Gratuite, car nous avons estimé qu'il fallait 40 litres d'eau par personne et par jour pour pouvoir vivre dignement. Ce devrait être un devoir de la société que de mettre en oeuvre cette gratuité."

source : l'Humanité

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