Récit de juillet de Marylise Grand'ry : "La carte"
La carte
J’étais bien au chaud,
Entre mes frères et sœurs.
Ma petite demeure,
Ressemblait à une boîte à
sardines.
C’en était très sécurisant,
Jusqu’à ce tremblement
Qui me secoua toute.
Au-dessus, en dessous,
Je sentis mon estomac se
retourner.
Ma tête se mit à tourner
Et je fus jetée sans
ménagement
Sur un support, à la vue de
tous.
Nue, observée, enviée,
Je vois des mains s’approcher.
Hésitantes, elles me prennent
Et me rejettent sans
discernement.
Je peux entendre leurs
soupirs,
Leurs hésitations, leurs
déceptions.
Ils hésitent à me donner une
place,
Réfléchissent à toutes les
situations.
Je me suis mise à fréquenter
Des têtes couronnées,
Des subalternes, des valets.
Qu’importe leur position,
Il m’en faut plus pour
m’impressionner.
J’aime ressentir les parfums
De certains de mes acquéreurs,
Mais déteste les gourmands
Qui s’empiffrent sans vergogne
Et laissent leurs traces
grasses
Sur mon enveloppe lisse.
Je suis d’apparence modeste.
Ne vaut pas un roi,
Je le sais.
Ma vigueur est supérieure à ce
dernier
Quand les miens se rassemblent
Autour de ma personne.
Inutile de viser haut.
Ma puissance réside dans ma
famille,
Celle qui me ressemble.
Soyons réalistes,
Tout ceci n’est qu’un jeu.
Le jeu de la chance, des
ennuis,
Des soucis......
La vie pour certains d’entre
eux.
Qui peut prétendre
Posséder une meilleure
situation
Que la mienne ?
Personne !
Alors que chacun garde sa
place
Jusqu’à la prochaine
donne.
Grand'ry Marylise
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