Marylise Grand'ry : "Bonjour tristesse" | mars 2012


« Bonjour tristesse »

  Tu fais le titre d’un livre.
Il n’y a pas de quoi t’en glorifier.

Tu te nourris de nos peines,
Tu te réjouis de nos drames,
Tu as soif de nos pleurs.

Tu n’auras pas les miens ! 

Je ne trouve pas le sommeil,
Me sens oppressée.

Je me redresse,
Feins de t’ignorer,
En parlant fort,
En riant haut.

Je sens que tu me guettes.
Tu attends que je faiblisse
Pour t’emparer de mes larmes.
 Je te connais,
Tu fais partie de moi.
Je te ressens.

Surtout ne pas pleurer.
Vite, une histoire amusante,
Un film délirant.

Je vais téléphoner à mon ami.
 Non ! Il est minuit.
Je ne peux le réveiller.

Je vais fermer les yeux un instant.
Pourvu que mes paupières résistent.

Hélas, tous ces mots,
Ces gestes, ces stupidités,
De ceux qui viennent à s’imposer,
A travers la radio, la télé,
Ne cessent de me hanter.

Mon cœur à nouveau s’emballe.
Ma gorge se serre,
Ma tête me fait mal.
Je m’effondre.

Le peu de force que j’avais encore,
S’écroule comme un château de paille.
Ces gens ne méritent pas mes larmes.
Cela me met en rogne.

Il me reste une échappatoire :
Mon monde fait de rêves.
Je m’y précipite.
Me voilà seule,
Dans ce paradis que je me suis construit.

Je m’y ressource,
Revis mes doux instants.

Mais ma colère refait surface.
 Je m’en veux de ne pas être plus forte.
 Je m’en veux de ne pas ignorer
Ces gens qui ne me sont rien.

Ces stupides gens que je ne verrai plus demain.

Mes larmes s’estompent,
Une jolie pensée me vient :

Après tout, je ne leur ressemble pas
Alors, pourquoi me mettre dans un tel état ?


« Va-t’en tristesse !
Ce n’est pas aujourd’hui que je vais te rassasier. »

   
                                                                                                                                     Grand'ry Marylise


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